Famille, la fin du modèle unique (Martine Segalen)
AIDER LES FAMILLES RECOMPOSÉES |
Sous
des formes plurielles, la famille continue d’être une institution majeure de la
société française. Que l’on en [1] pour preuve par exemple son taux de
fécondité. De fait, en matière de changement, la « révolution des mœurs » qui
est en marche est moins [2] de la famille
que de la parenté.
Entre
la parution du premier numéro de Sciences
Humaines en 1990 et celui-ci, l’institution familiale a poursuivi son
évolution, sur la courbe entamée dans les années 1970 : le nombre de mariages
hétérosexuels continue de baisser, celui des divorces d’augmenter. Si
l’avortement et la contraception sont antérieurs aux années 1990, des
changements législatifs importants ont depuis contribué à développer l’égalité
entre les sexes au sein du couple. Rappelons qu’en 1987, une loi établit
l’autorité parentale conjointe ; en 2002, une loi instaure un congé de
paternité et généralise le principe de l’autorité parentale partagée, ouvrant
la possibilité d’une résidence [3] pour
l’enfant ; elle renforce la coparentalité en cas de séparation du couple ;
enfin la loi Gouzes, la même année, ouvre la possibilité de modifier le système
multiséculaire de transmission patronymique.
Tout en
mettant en avant la primauté de l’individu sur l’institution familiale, ces
dispositifs organisent l’égalité des parents devant leurs responsabilités
éducatives et garantissent le maintien des liens de filiation de l’enfant après
la séparation des parents.
L’enfant au centre
Suivant
un calendrier parallèle, on observe la montée du droit de l’enfant : il [4] est reconnu le statut de personne,
d’abord à travers la ratification en 1989 de la Convention internationale des
droits de l’enfant votée par l’Onu, puis en 2000 par la création d’une autorité
juridique, le défenseur des enfants (depuis fondue dans l’institution de
Défenseur des droits). Dans ce monde [5]
valorise l’autonomie, la constitution de la famille et la forme qu’elle prend
reposent désormais sur la volonté des individus. Pour une large partie de la
population, le mariage n’est plus l’horizon indépassable de la famille
française. Se marier ou non, se séparer ou non, est devenu une affaire de
conscience personnelle.
En
entrant dans ce qu’Irène Théry a nommé le temps du « démariage », le point
d’équilibre de notre système de parenté s’est trouvé déplacé, car il n’échappe
pas à une règle universelle : dans les sociétés où le mariage est faible, c’est
la filiation qui forme la colonne vertébrale de la famille. La montée de
l’individualisme n’a pas affaibli l’importance des transmissions familiales.
Les enquêtes montrent la force des liens intergénérationnels qui [6] d’aides et de transferts réguliers.
Parmi
les nouveaux personnages de la famille ont émergé au cours des décennies
récentes les grands-parents, pivots de ces liens. Longtemps oubliés de la
sociologie de la famille, ils offrent aujourd’hui une tout autre figure que
celle du vieillard. En bonne santé, bénéficiant d’une retraite encore [7], ce troisième âge apporte une aide
considérable à ses enfants en gardant les petits-enfants, ou directement à ses
petits-enfants devenus adultes qui ont à faire face aux difficultés économiques
contemporaines. La relation intergénérationnelle s’est [8] inversée : les lignées d’aujourd’hui sont au service des
individus, alors qu’autrefois elles étaient à leur charge.
Le démariage,
par ailleurs, a changé la place de l’enfant. Autrefois, il venait comme une
évidence après le mariage. Aujourd’hui, [9]
naissance est programmée et c’est [10]
qui est appelé à fonder la famille, alors que 60 % des premiers enfants
naissent hors mariage. Construite dans sa vie intime et privée, la
socialisation du couple devient alors publique. Des personnes, jusqu’alors
étrangères les unes aux autres, deviennent, avec la naissance du nouveau-né,
des paires de grands-parents.
Vers de nouvelles configurations
Paradoxalement,
alors que jamais l’enfant n’a été [11]
désiré, jamais son lien avec ses parents n’a été aussi fragilisé par le divorce
ou les séparations. Jusque dans les années 1960, les trois registres du
mariage, de la filiation, de la socialisation étaient liés. Le démariage, les
familles monoparentales, les recompositions familiales ont remis en cause [12] intime association. Et les
conséquences des nouvelles techniques reproductives comme la loi sur le mariage
pour tous élargissent singulièrement le tableau des possibles : s’il y a
métamorphoses de la famille, c’est bien dans les mécanismes de la filiation ;
le vieux débat, déjà abordé par Émile Durkheim, sur la nature du lien de
filiation – social ou biologique – retrouve une nouvelle actualité. Plusieurs
déliaisons sont à l’origine de ces métamorphoses de la parenté. Après la
contraception qui a permis la sexualité sans procréation, désormais la
procréation est possible sans sexualité. Les diverses formes d’assistance
médicale à la procréation, la constitution de banques d’ovocytes et de sperme,
la maternité de substitution ou le futur possible d’un utérus artificiel
bouleversent l’horizon de nos anciennes certitudes concernant la filiation, et
ce, dans le contexte d’une société « bébéphile », où le désir d’enfant s’impose
de manière impérieuse, [13] compris
pour les couples infertiles. Dans ces conditions, la question À qui appartiennent les enfants ?
soulève des incertitudes. Et c’est l’État, [14]
le droit, qui se trouve interpellé autour de questions à propos [15] les débats sociaux sont vifs.
L’intervention
de la sphère biomédicale dans le processus de fabrication de l’enfant montre
bien qu’en matière de parenté, nous sommes entrés dans l’ère « d’après la
nature » comme le remarquait Marilyn Strathern dès 1992.
C’est
pourquoi les questions posées par les nouvelles technologies de la reproduction
(NTR) méritent un débat approfondi. Certains anthropologues et sociologues,
engagés dans des réseaux militants en faveur de la légalisation de la GPA en
France, ont eu tendance à capter ce débat public, justifiant le désir d’enfant
à [16] prix.
Cependant, [17] peu nombreuses,
ces naissances hors normes et, en ce qui concerne la France, hors la loi,
alimentent les craintes diffuses d’une partie de la population, bien au-delà
des cercles dits conservateurs. Car elles semblent porter atteinte au système
de parenté [18] lequel
fonctionne notre société, encore dominant comme en atteste le faible usage de
la loi Gouzes : la grande majorité des parents opte pour le patronyme paternel
alors qu’ils ont désormais le choix du nom de [19] enfant. Ainsi
que le note Jean-Hugues Déchaux, « les innovations biotechnologiques les plus
audacieuses ne pourront d’elles-mêmes transformer ce qui relève du système de
croyances et de l’ensemble des facteurs qui [20] déterminent
l’évolution ». Particulièrement en temps de crise, de nombreuses familles
demandent des repères normatifs, quand bien même l’État se refuse à juger le
comportement des individus.
Nº
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prenons
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le
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D
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pas autant
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A
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cet
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cette
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son
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C
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13
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et
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même
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versus
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A
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15
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desquels
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desquelles
|
lesquels
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lesquelles
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B
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16
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chaque
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n’importe quelle
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quelques
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tout
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D
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17
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mêmes
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quoi que
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quoique
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si bien que
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C
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par
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D
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19
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ce
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leur
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leurs
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B
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20
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en
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la
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lui
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y
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A
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FAMILLES HOMOPARENTALES: QUEL
IMPACT POUR LES ENFANTS?
TROUVEZ LES
MOTS MANQUANTS (de 1 à 3 mots par trou):
1) Gaël, 2 ans, a été conçu par PMA en Belgique, après
2 ans et demi de démarches et d’/de ÉCHECS .
2) C’est compliqué pour celle qui accompagne car elle
se retrouve un peu à part, dans un(e) petit(e) BULLE .
3) Elles ont dû payer plus de 20 000 euros de FRAIS pour toutes les démarches.
4) C’est un couple de femmes mais l’enfant aura de
nombreux RÉFÉRENTS masculins.
5) Les mamans ne lui cacheront rien et lui
expliqueront qu’il est ISSU d’un don de sperme.
6) Elles ont également dû CONTOURNER la loi française.
7) Ce que Sophie REDOUTE , ce sont les
mobilisations contre le mariage pour tous.
8) Lors de ces mobilisations, il y a eu des PRISES de position contre l’ouverture des PMA à
toutes les femmes.
9) Depuis 1970, plus de 700 travaux ont été consacrés aux familles
homoparentales et le journaliste en a analysé un(e) CENTAINE .
10)Dans certains travaux, ils se sont intéressés à le/l’ ESTIME DE SOI et les enfants ne semblent pas se sentir DÉVALORISÉS .
11)Ces travaux sont critiqués, c’est pour cela que les modes de RECRUTEMENT vont être multipliés.
12)Actuellement, les chercheurs travaillent sur 180 familles.
13)Les premiers indices montrent que les enfants ÉLEVÉS dans une famille homoparentale ne sont pas
plus vulnérables.
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